La source fut longtemps considérée comme d'origine magique, et nombre de légendes s'y rattachent. Il faut dire que la couleur exceptionnelle de l'eau, surtout par beau temps, et sa source aux abysses insondables contribuent pour grande part à son mystère.
 
Couleurs de la fosse Dionne
L'origine de la source
Le nom de la source provient de l’ancien français Fons Divina signifiant "source divine".
Il pourrait s'agir d'une déclinaison de Divona, une divinité celtique des eaux de gouffres ou de sources.
Il se peut également que son nom soit dérivé de la nymphe Dioné, une des hyades, c'est à dire une nymphe des pluies, fille du Titan Atlas et de l'Océanide Éthra dans la mythologie grecque antique.
On sait peu de choses sur la Fosse Dionne. On dit d'elle qu'il s'agit d'une source exsurgente, c'est à dire qu'elle est alimentée par l’eau de pluie qui infiltre les sols et emprunte de longues galeries souterraines avant de refaire surface à un rythme de 311 litres… par seconde (jusqu'à 3 000 litres par seconde en cas de crue).
La Fosse dionne est une source vauclusienne alimentée de façon permanente par des infiltrations provenant des plateaux calcaires qui la surplombent (les plateaux du tonnerois) et par le flux de plusieurs rivières. C'est ce qui explique son débit continu.
Après le lavoir, l'eau s'infiltre dans une petite ruelle et part vers son destin ...
La vasque mesure 2,5 mètres de largeur et aboutit sur une galerie dont le conduit se rétrécit rendant ainsi compliquée toute exploration souterraine. D'autres difficultés s'ajoutent : fort courant, parois meubles, eaux troubles, parcours en dent de scie nécessitant de nombreux paliers de décompression ... A peine 300 mètres de galerie ont ainsi pu être explorés, et ceci, déjà , au péril de la vie de plusieurs plongeurs.
"L'exploration de la galerie noyée de la source entretient elle aussi le mystère de la Fosse Dionne. Du fait de l'étroitesse du conduit, la plongée y est très délicate et plusieurs plongeurs expérimentés y ont trouvé la mort. Aujourd'hui (avril 1998, ndr), toutefois, la galerie de la source est mieux connue, la châtière située à -32 mètres ayant enfin pu être franchie. "
Suite à plusieurs accidents mortels, l’accès au site avait été interdit en 1996. En 2018, un plongeur expérimenté, Pierre-Éric Deseigne, obtient à nouveau l'autorisation pour explorer cette curiosité naturelle.
Vue de la Fosse depuis la terrasse
Légendes ...
J'ai retrouvé trois légendes qui se disputent le lieu, les voilà retranscrites ici ... et qui sait, il parait que toute légende a une part de vérité ... peut être l'occasion prochaine de voir apparaître un basilic :)
La Fosse Dionne et les sous du diable
Un jour d’été de l’an 700, le petit Pierre voit venir au galop un cavalier noir au panache rouge sang. Arrivé à sa hauteur, ce dernier lui demande où il peut désaltérer son cheval. Le jeune garçon lui indique la Fosse Dionne. Immédiatement, le cavalier refait partir sa monture et laisse choir sur le chemin un sac de pièces. Profitant de l’aubaine, le jeune garçon s’en saisit en se gardant bien d’avertir le visiteur.
 
Avec cet argent, il va faire des achats de nourriture. D’affreuses coliques se mettent à le tourmenter, puis il est pris de rires démoniaques. Les aliments n’ont plus de saveur, le pain a le goût du plâtre, le lait est insupportable. Pris de remords, l’enfant se dirige vers la Fosse Dionne.
Arrivé au bord de l’eau, il n’y trouve pas l’étranger. L’endroit est désert, du moins le croit-il. Dans l’ombre, cependant le cavalier l’épie. Mais il y a aussi le saint évêque Pallade qui ne perd rien de la scène. Pierre jette dans la source les pièces diaboliques et s’apprête à s’y précipiter quand l’évêque le retient. Pierre avoue son acte et le saint homme lui accorde sa miséricorde.
Mais du fond de l’eau, les pièces ensorcelées l’accusent toujours. C’est alors que saint Pallade recouvre de son manteau l’argent du diable. Le cavalier vient de perdre la partie. Brusquement, il surgit des taillis et lance sa monture dans la vasque. Les eaux se mettent à bouillonner durant de longs instants. Quand elles redeviennent calmes, la Fosse Dionne n’a plus de sable. Le fond vient d’être emporté dans les abîmes de l’enfer.
 
 
La Fosse Dionne et le manteau de la Vierge
En ce temps-là , la Fosse Dionne n'existait pas encore ; de dessous la falaise coulait une source dont les eaux allaient se perdre dans un bourbier immonde jusqu'à la rivière de l'Armançon.
Une pauvre jeune fille, un soir, revenait de son travail par l'une de ces ruelles sombres et boueuses. Brusquement, elle sentit dans son dos une présence. Sans aucun doute, c'était le démon en ces lieux, qui cherchait une nouvelle victime. Au moment où la main griffue du diable allait s'abattre sur son épaule, la pauvre fille, terrorisée, implora la Sainte Vierge, la suppliant de venir à son secours.
Une grande lueur se fit : la Vierge apparut dans son grand manteau couleur émeraude. Elle étala ce manteau devant la jeune fille ; aussitôt, au pied de la falaise, s'ouvrit un vaste cratère rempli d'eau pure et transparente, et la Vierge y entraîna sa protégée qui, ainsi, fut sauvée du démon.
La Sainte Vierge a peut-être oublié de retirer du fond de la Fosse Dionne, ainsi créée, son beau manteau puisque, depuis ce jour, l'eau qui s'écoule a toujours cette belle coloration bleu-vert; celle du manteau de Marie.
 
 
Le Basilic de la Fosse Dionne
Saint-Jean l'aumônier fut avertit d'un lieu où il y avait un puits d'où sortait un basilic, sorte de monstre à tête mi-coq mi-serpent au corps de dragon, terrifiant. Il infestait le peuple et causait de sérieux ravages.
Il entreprit lui-même, à la bêche, de creuser le sol au dit endroit dégageant ainsi la belle et grande source de la Fosse Dionne. En assainissant le marais, il donna aux eaux de la source un débouché facile sur l'Armançon. De ce fait conjurant le mauvais sort, il fit mourir le basilic et rendit le lieu habitable.
Illustration : Le monstre du puits,
Editions : NordSud
Auteur(s) : Gisela Durr - Brigitte Weninger - Guido Schlaich
 
Le basilic représente en réalité la fièvre paludéenne dont nos ancêtres caractérisaient de ce mot les effets foudroyants du paludisme (la fièvre saisit à l'improviste et brûle comme le venin d'un reptile).
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