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Exposition "Entrez Libre" à l'ancienne maison d'arrêt de Nantes

 

SITUATION GEOGRAPHIQUE
Pays : France
Département : Loire-Atlantique
Commune : Nantes

Dans les murs de l’ancienne maison d’arrêt de Nantes, vouée à la démolition, l’exposition Entrez libre offre une plongée « bouleversante » et « angoissante » dans l’univers carcéral.

Mmm ... "street-art" ... "ancienne prison", deux bouts de phrases qui m'ont été soufflés à l'oreille et me voilà prise d'un certain enthousiaste ... "c'est où, c'est où ?" ... A Nantes ... sur un week-end ça le fait non ?!

Et voilà grosso-modo comment on s'organise un week-end pour découvrir (entre autres) une exposition street art dans l'ancienne maison d'arrêt de Nantes !

Un petit flip à l'aller quand on a vu le monde faire la queue annonçant un triste 1h30 d'attente (sic), puis deuxième passage après déjeuner, moitié moins de monde, on tente, et ce sera à peine 20 minutes de queue pour pouvoir pénétrer dans l'antre ... car, oui, je pense que l'on peut qualifier l'entrée "d'antre".


Entrons ... l'antre du diable ?

Nous étions pourtant prévenus après avoir lu quelques critiques sur l'exposition.

« On rentre dans la prison, dans ce corps, par le ventre, la gorge, l’estomac. On est digéré par cette prison », explique David Bartex, l’un des dix artistes invités.

Mais de quoi s'agit-il en fait ? Une prison abandonnée dans laquelle on va découvrir des tags ? Non, c'est un peu plus poussé ... La démolition de l'ancienne prison de Nantes se précise, probablement d'ici fin 2017, et c'est à cette occasion qu'on nous ouvre pour la dernière fois les portes de cet établissement, et que, plus particulièrement, on a ouvert les portes à 10 artistes afin qu'ils "restituent la présence des anciens occupants du bâtiment, vide depuis 2012, et d’évoquer l’enfermement, carcéral, mais aussi psychologique et social."

Il s'agit donc de l'exposition Entrez Libre qui se déroule dans l'ancienne maison d'arrêt, au coeur même de la ville de Nantes.

Il était utile de lire que l'on allait "passer les entrailles sanguinaires" car on ne l'avait pas forcément compris au premier degré cette phrase ... !!!

J'ai un peu menti, ce n'est pas tout à fait l'entrée, car d'abord, il y a la petite cour ... et déjà, là, se dessinent les prémices de ce qui nous attend.

Après avoir sobrement passé la porte extérieure, on se trouve donc dans la première cour extérieure qui devance le bâtiment principal. Ici, d'immenses fresques noires et blanches dessinent des séquences sombres. Il y a déjà là nombre de détails où s'attarder ...

« Peu après avoir franchi les grilles de l’entrée de cette bâtisse datant de 1869, située dans le cœur historique de Nantes, le visiteur est happé par l’atmosphère lourde des graffitis en noir et blanc de paysages apocalyptiques recouvrant les murs de l’enceinte. »

Et d'ailleurs nous pouvions en voir quelques bribes en restant dans la rue ...


Longeons la façade ... deux détenus se battent ?


il semblerait ...

Et de l'autre côté, une créature étrange nous observe, on ne détermine pas encore bien de quoi il s'agit mais cela nous attend, on n'en doute pas ...


Revelations ... observez l'oeil au fond ... il vous observe ...

Il est temps de pénétrer pour de vrai dans ce lieu ..

La première chose qui m'attire est une immense fresque côté droite de l'entrée. Difficile de vous faire partager l'ensemble des détails de cette fresque, il y aurait trop de photos à publier, mais en voilà quelques aperçus.


Mur droit, la fresque dans son ensemble

Si je ne me trompe pas son auteur est Persu.

Persu
Originaire d’Auxerre, Persu découvre le graffiti dans les années 90, une période où la culture hip hop est en pleine éclosion. Après avoir fait ses premières armes dans sa ville natale, Persu commence à investir les espaces nantais en 2007. Bien qu’il ait acquis au fil des années une certaine polyvalence technique et esthétique, le « wild style » reste son style de prédilection. Cette technique de graffiti se caractérise par un lettrage complexe fait d’entrelacements et d’imbrications. En s’imprégnant de la spécificité des lieux dans lesquels il travaille, Persu réalise des compositions incisives et nerveuses comme pour laisser une trace de sa subjectivité au milieu des ruines et de l’oubli.


Partie gauche de la fresque


Partie droite de la fresque

Au côté de cette fresque, un "petit" tag très évocateur de l'endroit ... et de l'expérience de nos artistes probablement ;)


Fuyons les gars, c'est le moment !!

Il est temps de s'intéresser à un deuxième artiste qui nous avait fait de l'oeil alors que nous attendions gentiment notre tour pour pénétrer dans l'enceinte de la prison ...

Nous découvrons là l'oeuvre de l'artiste Skio .

Skio
Curieux et polyvalent, Skio ne cesse de naviguer entre les médiums et les techniques. Cet artiste originaire de Nice tire profit du croisement des disciplines en se passionnant pour l’image sous toutes ses formes : peinture, graffiti, graphisme, performances … Aujourd’hui directeur artistique de l’agence d’événementiel Riofluo, Skio aide à la conception de projets sur-mesure. Loin d’être un puriste du graffiti, Skio dépasse les “simples” lettrages en créant des personnages qui éclairent ses réalisations d’une lumière narrative.


Je ne sais pas où donner du regard ... ça a l'air de bouger en plus ...

La cour n'a pas encore fini de nous révéler tous ses secrets. Le haut de l'entrée a aussi été taggée, et le mur gauche. Par Persu encore.


La fresque au dessus de l'entrée de la prison


Détail de la fresque ... Hell on Earth


Détail de la fresque du mur gauche


Et encore un détail de la fresque du mur gauche

Et pour en finir avec la cour, la dernière façade ... plutôt poignante (sans jeu de mots) ... et qui résume avec ce combat de prisonniers une ambiance toute étrange de ce lieu dans lequel nous n'aurions pas aimé venir en d'autres circonstances.

Nous avons là une oeuvre de l'artiste Kazy Usclef, ma préférée de l'expo.

Kazy Usclef
Kazy Usclef est un artiste nantais qui mêle les techniques et les médiums. Initialement graffeur, il a progressivement intégré d’autres moyens d’expression à sa pratique artistique : peinture, gravure, sérigraphies… Principalement influencé par l’histoire de l’art et la peinture classique, son univers se nourrit de ses rencontres et de ses voyages. travers des créations ambivalentes, il passe de l’ombre aux couleurs, des angles aux courbes, de la naïveté à la noirceur pour poser un regard critique sur les problématiques qui agitent la société contemporaine.


Etrange combat de prisonniers, qui, par sa taille et sa qualité graphique impressionne

Nous en avons fini avec la cour, il est temps de revenir dans nos "entrailles" ... L'entrée de la prison, rouge sang.

Vient donc le moment de pénétrer dans l'enceinte, le greffe plus exactement ... un vrai film d'horreur ! Rouge sang partout, on est au coeur d'entrailles sanguinolantes, de peluches éviscérées ... des enfants (que des parents ont osé emmener ... sic) ont peur. Tu m'étonnes .... On ressent malgré tout un peu l'effet carton-pâte de l'oeuvre mais ça reste prenant comme entrée en matière !

Comme je vous l'ai déjà présenté en introduction en plan large, voilà quelques plans plus réduits ... attention, tout ce rouge finit par donner mal à la tête !!


Ne levez pas la tête ...
le flou ? ce n'est pas le photographe qui est mauvais !


Mais pourquoi tant d'yeux ???


Franchement ... je trouve que le serpent n'avait rien à faire là !

J'ai oublié de vous présenter l'artiste je crois ... il s'agit donc de Nosbé ... d'inspiration Dubuffet ... pas faux surtout quand je me rappelle cette tour immonde dans le parc Saint Germain à Issy-les-Moulineaux ... la tour aux figures ...

Nosbé
Nosbé est un artiste originaire de la banlieue parisienne. Son intérêt précoce pour le dessin l’amène progressivement à expérimenter la bombe aérosol et à couvrir les murs de ses créations mouvantes et hybrides. En 2003, il commence le graffiti aux côtés de Shaka. Il crée à partir de références artistiques hétéroclites en citant l’art brut d’un Jean Dubuffet, la BD subversive d’un Robert Crumb, les dessins automatiques des surréalistes, ou encore les codes picturaux de l’art océanien. De ce foisonnement naissent des fresques qui oscillent entre formes organiques, distorsion et saturation.


Soit l'artiste n'a plus toute sa tête, soit il a besoin d'un dentiste pour soigner sa rage de dents ...
oui, on sait, une rage de dents ça rend dingue !


Un singe ?? Mais c'est pas la SPA ici !
Et ... euh ... bon, là c'est bien le photographe qui a été mauvais, le singe n'est pas censé être flou :(


Sacré rage de dents quand même !

« Après avoir passé les entrailles sanguinaires d’un rouge criard, un escalier massif mène à un imposant mur de briques rouges, séparant le greffe de l’ancien espace de détention, volontairement resté fermé au public. »

"volontairement resté fermé au public" ... dommage, je suis sûre que cette partie était aussi très intéressante, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Face à nous, les grilles et un escalier ... On voit que plusieurs artistes sont passés, on aperçoit un bout de différentes oeuvres un peu partout autour de nous ... reste plus qu'à nous concentrer.

Dans l'escalier, encore d'étranges créatures qui nous guettent. Le contraste de couleurs avec l'entrée (rouge sang on le rappelle !) est saisissant.

Voilà quelques bribes des tags de l'escalier du duo Jurictus et Sam Rictus. Difficile d'en montrer plus, l'escalier était un lieu de passage très fréquenté !


Vous m'excuserez si je ne vous sers pas la pince très cher ?

Jurictus et Sam Rictus
Après des études communes aux beaux-arts du Mans, Sam Rictus et Jurictus démarrent une collaboration qui emprunte à la BD, la figuration libre, l’architecture et les mythologies anciennes. Dans leurs publications éditées par Le Dernier Cri (Marseille), le spectateur est amené à entrer dans un imaginaire folklorique et archaïque, le regard happé par un monde grouillant et fourmillant où tout semble être en constante fusion.


Les menottes ... le détail qui tue dans ce "monde grouillant et fourmillant" !

Vais-je vraiment bien dormir ce soir avec tous ces trucs bizarres qui ont hanté mon regard ??

Il est temps de passer les grilles et de gravir l'escalier où un oeil étrange nous accueille.

C'est la partie où il est difficile d'obtenir une vue d'ensemble compte tenu du monde qui se bouscule dans les escaliers et les petits couloirs. Alors, pour avoir une vue d'ensemble, ci-dessous trois photos récupérées sur le net : ici et ici.

Cet oeil à clé bizarre qui m'accueille me laisse assez perplexe, c'était le symbole repris sur l'affiche de l'expo ... j'aime pas ... mais rien de grave, il y a tout autour plein d'oeuvres admirables que je détaille avec passion.


oeil, clé, liberté

Il s'agit là de l'oeuvre de David Bartex.

David Bartex
David Bartex est un créateur intarissable. Autodidacte, il fait de la peinture son mode d’expression de prédilection et c’est à Nantes qu’il débute avant d’accompagner la compagnie Royal De Luxe en Amérique latine. Ses nombreux voyages développent son attrait pour l’exotisme, le brassage des cultures et le travail de la couleur. Souvent fantaisistes et exubérantes, ses réalisations frappent par leur sensualité et leur richesse chromatique. Comme pour égayer les espaces qu’il investit, David Bartex s’inspire du folklore et des cultures populaires à travers une approche de la création aussi naïve que spontanée.

Il n'y a bien que la foule qui piétine dans les lieux qui m'empêche de m'éterniser à différents endroits ! Pas toujours facile de prendre la photo qu'on souhaiterait.

A ce niveau, j'ai particulièrement adoré l'oeuvre de Rémi, sur deux niveaux.


L'oeuvre de Rémi sur deux niveaux

Rémi
Rémi est un dessinateur originaire de Roubaix. Après avoir oeuvré au sein de nombreuses revues underground (Séduction, Le Lynx, Psikopat, La Monstrueuse…), il lance l’Impubliable, sa propre structure via laquelle il fait paraître régulièrement des recueils de ses dessins. Artiste subversif, attaché à sa liberté de ton et de création, il cherche à susciter l’interrogation et la réflexion chez le spectateur.

Et pour une fois, je trouve que ces images se passent de commentaires ...

Le vitrail visible au centre de l'oeuvre de Rémi semble être signé Achille Blaster.


Vitrail des animaux de la folie

Déjà bien chargés de détail, ce "hall" renferme encore bien d'autres oeuvres semblant symboliser une sorte de folie collective ... avec tout d'abord une folie rouge et noire ... Stendhal ou Jeanne Mas ???.

La folie se poursuit en blanc anguleux.

et comme il faut aussi voir la vie en bleu ...

mais quoiqu'il en soit, on évite (encore) de lever la tête car une folle araignée veille sur nous ...

et n'oublions pas que la folie a toujours fenêtre sur cour ...

Ensuite, plusieurs pièces à découvrir, l'atmosphère est changeante de pièce en pièce, certaines peuvent mettre mal à l'aise. D'autre sur fond sonore nous restituent des ambiances tout aussi troublantes.

Une première pièce nous guide au travers des oeuvres de l'artiste Gilles Bouly.

Ce ne sont guère mes préférées, mais cela ne laisse pas indifférent ...

Gilles Bouly
Arrière petit-fils de James Ensor, peintre qui voyait la vie comme un grand carnaval, Gilles Bouly choisit à l’âge de sept ans de devenir artiste : dessinateur, sérigraphe, comédien, chanteur… Pour ce faire il se constituera plusieurs fois des familles : à l’école des beaux-arts de Lille, la famille punk de Crise de Nerf et dès 1980 le collectif Organum, troupe de théâtre de rue. En 1997 il rejoint l’équipée Le Phun à Toulouse qui le fera voyager autour du monde jusqu’en 2015. Suivent deux rencontres expérimentales Potlatch, l’une à Lille en 2015 et l’autre à Toulouse en 2016.

Séquence en images ...















La visite ne se termine pas là ... un couloir, quelques portes bleus avec de petits oeilletons ... quelques curiosités ...


Les portes ont des yeux ... et ils vont nous révéler leurs secrets


Artiste prisonnier ? ... ah non pardon ... c'était le fantôme de la prison


Dans l'oeil de la porte ... le visage


L'oeil et le visage réunis


On met les cancres en prison maintenant ? Tu m'étonnes que c'est surpeuplé !!


Représentation de la vie, la mort, la ville, la nature ???

Et dans la dernière salle ... ben ... on a retrouvé l'oiseau perdu des mystérieuses cités d'or ...


Ne lui coupez pas les ailes ...

Dernière salle mais encore quelques "perles" prisonnières des murs ...


Le maton me guette ... ça tombe bien c'est son job !


Après ce que j'ai vu, je pense qu'il faudrait remettre quelques années, non ?


Vous n'avez pas encore perdu le compte ?


Comme toutes les cantines en fait !


On a enfin trouvé le poête de la prison.


Et les cauchemars dans la clarté ??

Et je garde la dernière salle pour la fin ... la salle rouge ... suite de la visite interdite, il n'y avait plus les clés ;)


Le gardien a perdu toutes les clés !!


Source : Les photos de l'exposition sont toutes de moi, sauf 3 mais c'est indiqué :)
Les textes décrivant les artistes proviennent du site à l'origine de l'exposition : pick-up prod. Ces textes étaient également fournis pendant l'exposition sur une plaquette d'information.
Les autres citations sont issues d'un article sur l'exposition parue au journal Ouest-France.

 


 

La curiosité m'a poussé à en apprendre un peu plus sur cette ancienne prison en plein coeur de ville de Nantes.

De la prison, j'en ai vu ça :


©F.Brenon/20Minutes

pas spécialement imposant, mais en fait la prison c'était ça :


©theflyingelectra.com

Ouverte en 1869, la maison d'arrêt de Nantes a fermé ses portes en juin 2012.

La prison, le palais de justice et la gendarmerie tenaient dans un mouchoir de poche. L'idée ingénieuse de l'époque avait été de créer des tunnels reliant les trois bâtiments sans avoir à craindre les mouvements de foules. Vétuste, elle avait été rénovée dans les années 70 et en 1988 et ne pouvait normalement accueillir que 400 personnes détenues, mais on comptait près de 1100 personnes peu avant sa fermeture (dans des cellules de 9m2).


©theflyingelectra.com

Sur cet article de Ouest-France, je retrouve l'entrée que nous avons pu visiter pendant l'exposition ... c'est devenu beaucoup plus coloré !!


©La prison de Nantes | Photo Ouest-France

ou, autre vue mais de l'intérieur ce coup-ci ... (n'hésitez pas à remonter, vous trouverez son équivalent en couleurs plus haut !)


©aloeildeverre

Bref, ... bien dommage que ce bâtiment disparaisse ... mais en tout cas un réel plaisir d'avoir pu voir cette exposition.

 


 

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