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  Mais qu'est-ce donc que les arènes de Lutèce ?Présentons d'abord Lutèce ... tous ceux qui ont lu Asterix le Gaulois connaissent déjà la réponse ...
Lutèce, ou plus exactement en latin "Lutetia", est le nom romain qui désigne la ville gauloise connue aujourd'hui sous le nom de Paris. La ville n'occupait à l'époque que la partie centrale du Paris d'aujourd'hui.
Ce sont les Parisii (un Parisius, des Parisii), peuple de la Gaule Celtique installés à Lutèce au IIIème siècle avant JC, qui ont donné son nom à Paris. A l'époque la ville était appelée Civitas Parisiorum (Cité des Parisii), appellation qui a fini par remplacer Lutèce à la fin du IVème siècle. Au Moyen-Age, la cité était composée des îles de la Seine et s'étendait jusqu'au quartier latin (rue St Jacques). L'île de la Cité en était le chef-lieu. Clovis fit de Paris la capitale des francs en 508, car, non, Lutèce n'était pas la Capitale des Gaules ;)
Les arènes de Lutèce sont décrites de nos jours comme l'un des derniers témoignages du passage romain à Paris, avec les thermes de Cluny. Construites au 1er siècle, il s'agit d'un amphithéâtre gallo-romain, offrant aux spectateurs une double fonction : théâtre et arène.
Arènes de Lutèce Partie Nord découverte en 1869. Partie Sud mise à jour en 1883-1885. L'ensemble restauré en 1917-1918. Durant l'occupation romaine, emplacement pour les jeux, luttes de gladiateurs et combats de bêtes féroces.
Il s'agissait d'un complexe hybride : de type amphithéâtre (en demi-cercle, appelé aussi cavea) avec une scène frontale de 40 mètres de long, disposant d'une arène elliptique de 52 mètres de long sur 46 mètres de large, destinée aux combats de gladiateurs.
Cet amphithéâtre à scène, d'un type courant en Gaule, pouvait accueillir jusqu'à 17 000 spectateurs.
La scène de théâtre, dressée sur le podium, est de taille considérable (41,20 m de longueur).
Les combats d'hommes et d'animaux se déroulaient sur la piste centrale elliptique de grand axe 52,50 m et de petit axe 46,8 m.
Il est probable que les arènes, construites au ier siècle, restèrent en activité jusqu'à la première destruction de Lutèce, à la fin du IIIe siècle.
Chilpéric fit réparer cet amphithéâtre en 577 apr. J.-C. et y fit donner des spectacles.
Les arènes de Lutèces sont l’un des plus grands édifices de spectacles de la Gaule, juste après Arles et Nîmes.
Les arènes disparurent et ne firent leur réapparition qu'à l'occasion de fouilles au XIXème siècle dans le cadre des travaux haussmanniens. C'est ce que rappelle notamment l'inscription sur le fronton de l'entrée des arènes Rue Monge.
source photo Paris 1900
– Inscription du fronton de l’entrée 49, rue Monge Ci-dessous, à deux époques différentes, la vue des arènes depuis l'entrée Rue Monge.
Selon la mairie de Paris, pendant que vos enfants s'amusent sur l'ancienne scène, vous pouvez profiter des gradins pour déjeuner sur le pouce ou bavarder. Des coins de Paris que je connais, celui-là n'est pas le plus joli à mon goût, peut être la vue des immeubles autour qui gâche un peu le côté "authentique" du lieu.
Les gradins dont il ne subsiste que la partie basse, s’appuient sur la façade arrière des immeubles de la rue Monge. Leur emplacement permettait aux spectateurs de jouir d’une vue dominante sur la Bièvre et la Seine, avec dans le lointain, les collines de Ménilmontant et Belleville. De nos jours, la vue environnante me semble biaisier par beaucoup d'immeubles non gallo-romains ... Lorsque l’enceinte était utilisée en tant qu’arènes, c’étaient pour des combats de gladiateurs, des exécutions ou des combats de fauves. Les fauves étaient maintenus avant leur entrée en scène derrière des grilles. On peut toujours en apercevoir deux de nos jours, ... mais rassurez-vous point de fauves à l'horizon, tout au mieux des chaises et du matériel d'entretien !
A l'époque, point de projecteurs pour éclairer la scène. Les représentations avaient lieu en milieu d'après-midi. C'est l'heure à laquelle vous trouverez un éclairage parfait de la scène. Pour être entendus des nombreux spectateurs, une astuce était utilisée : les acteurs récitaient leurs répliques dans des niches surélevées qui permettaient de projeter le son vers l’ensemble des spectateurs. Ces niches sont encore visibles en partie, ce sont les arcs de cercle dans lesquels ont été installés des bancs pour les promeneurs.
Ces "loges" me faisaient plutôt à des emplacements pour VIP !
Les loges C'est ce que l'on appelle le proscenium, ou l'avant-scène. Derrière ce proscenium se trouve une statue blanche qui n'est pas vraiment d'époque romaine a priori. Entre les cartes postales du début du XXème siècle et de nos jours, on peut voir une petite différence. Il s'agit pourtant bien toujours de la même statue ...
Sur cette carte, il nous semble en effet apercevoir un buste au dessus de la statue de femme en pierre blanche. Buste qui n'est point présent de nos jours ...
La liseuse Il s'agit d'un monument élevé le 26 octobre 1905 à la mémoire de Gabriel de Mortillet (1821-1898), un éminent archéologue et anthropologue du XIXème siècle, l'un des premiers archéologues qui se consacra à l'étude de la Préhistoire. La statue était alors en deux parties, la liseuse en pierre blanche assise au pied d'une colonne qui supportait alors le buste en bronze de Gabriel de Mortillet. Ce buste a ajourd'hui disparu, fondu par les nazis sous l’Occupation.
Gabriel de Mortillet Sur l'une des entrées des arènes, l'on trouve une plaque commérative, érigée en 1951.
une phrase de cette plaque retient mon attention : "les arènes de Lutèce où les joutes nautiques succédaient aux luttes de gladiateurs, les combats de fauves à la représentation des comédies et des drames." Bon, comédies et drames, ok !
combats de gladiateurs, ok aussi !
Les gladiateurs étaient des hommes destinés à donner aux Romains le spectacle de combats singuliers ("gladius" en latin signifie "glaive"). Le glaive n'était pas la seule arme du gladiateur, diverses catégories de gladiateurs se distinguaient par leur équipement, leurs moyens d'attaque et de défense, leur façon de combattre. Ainsi peut-on citer l'homoplaque (bouclier rond et lance), le provocator (dague courte, bouclier romain et casque), le secutor (glaive, bouclier long, casque et jambière), le retiaire (filet plombé, trident et poignard), le mirmillon (dague, bouclier romain, casque à crête percussive, le thrace (dague courbe, petit bouclier, jambières et casque à rebord), le samnite (longue épée, casque et bouclier celtique), ...
Différents type de gladiateurs De gauche à droite : le retiaire, le thrace, le samnite et le secutor Les luttes n'étaient pas de simples séances d'escrime ou de simulacres de combat : l'issue en était toujours sanglante. Il s'agissaient de combattants professionnels, esclaves ou non. Ils pouvaient combattre entre eux ou contre des fauves : Ours, Lions, parfois Tigres et Éléphants ... Au départ, les combats n'étaient pas pour divertir mais pour honorer un mort. Les combats de gladiateurs perdirent progressivement le caractère funéraire et religieux. Le perdant du combat demande toujours la mort et, si l’empereur est présent, celui-ci décide en tenant compte de l’avis du public : Mitte (« laisse-le »), Jugula (« égorge-le ») ou stante missi (« match nul »). Après plusieurs victoires, le gladiateur peut obtenir un sabre de bois, le rudius, signe de libération. Les hommes libres qui choisissaient cette carrière étaient engagés sous contrat pour une durée de trois à cinq ans après laquelle, s'ils arrivaient vainqueurs à l'issue de leur dernier combat, ils étaient dégagés des termes du contrat et avaient gagné assez d'argent pour s'assurer une vie d'un niveau supérieur et oublier ainsi la pauvreté. Les arènes étaient aussi le lieu de combats de fauves, entre eux ou face à des gladiateurs.
Mais ... cette histoire de "joutes nautiques" ... ???? Apparement, aucune indication archéologique ne vient étayer l'organisation de naumachies, c'est à dire un spectacle représentant une bataille navale. Les moyens considérables à mettre en Å“uvre pour une naumachie, l'aménagement d'un plan d'eau et de places pour les spectateurs, la mobilisation de flottes, l'engagement de nombreux combattants, en font un spectacle d'exception que seuls les empereurs pouvaient organiser. La première naumachie connue est celle que donna Jules César à Rome en 46 av. J.-C. lors de son quadruple triomphe. Après avoir fait creuser un bassin près du Tibre, capable de contenir de véritables birèmes, trirèmes et quadrirèmes, il mit aux prises 2 000 combattants et 4 000 rameurs, des prisonniers de guerre. Pour les arènes de Lutèce, la proximité de la rivière de la Bièvre aurait-elle pu constituer une possible source d'eau qui aurait permis à ces arènes d'accueillir des joutes nautiques ? On va laisser les archéologues trouver la réponse à ce mystère qui clot donc cette page.    
Photos personnelles sauf une (précisée).
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