Retour index Article mis en ligne le 18 novembre 2018. |
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J'ai découvert ce petit monument au gré d'une balade dans le secteur, un peu surprenant de trouver ce type de "tombe" un peu au milieu de nulle part ... un chemin, pourtant visiblement entretenu, mais avec les ronces tombantes du ciel qui nous aggripent ! De nuit, sensation garantie !
Le petit chemin qui mène au tombeau Le tombeau se voit d'assez loin ... De tombeau, il n'en a semble-t-il que le nom ... une sorte de dalle dressée sur 4 piliers. Si l'on me demandait, je répondrai que cela ressemble bien plus à un autel qu'à un tombeau ...
Le tombeau de saint Ethbin se présente actuellement sous la forme d’une pierre plate posée sur quatre pieds quadrangulaires.
La pierre du "tombeau" porte l’inscription : « Saint Ethbin, priez pour nous ».
D'après la légende, le moine Ethbin, martyrisé au VIIlème siècle aurait été inhumé dans un terrain donné par Vandemir, que l'on a voulu situer au hameau de Château-Neuf, dépendant de Port-Mort. Cette charte figure dans « De re Diplomatica » (1681). En cet endroit, sur la rive droite de la Seine, se trouve en effet un monument dit « Tombeau de Saint-Ethbin ».
Primitivement, c'était une sorte de dolmen, pierre fruste horizontale en calcaire portant sur quatre petits supports très bas. D’après le vicomte de Pulligny, le dolmen, avant d’être détruit, avait la forme d’un trilithe « composé de deux jambages reliés par un sommier de pierre ».
Vers 1868, des fouilles sont entreprises sous le dolmen par l’abbé Lecoq, curé de Guiseniers, et des ossements humains y sont trouvés. Deux ans plus tard, le mauvais état du monument justifie aux yeux du curé de Port-Mort, l’abbé Bostel, sa destruction et son remplacement par un monument plus moderne : une table de pierre taillée reposant sur quatre supports rectangulaires ornés et surmontés de petits chapiteaux.
Le tombeau de Saint Ethbin, une pierre taillée reposant sur quatre piliers.
La légende rapporte donc que saint Ethbin, un moine "breton", venu au monastère de Port-Mort fut inhumé en cet endroit au VIIème siècle. Mais les historiens ont un peu ruiné cette légende ... ;) Qui était Saint Ethbin ? Saint Ethbin est un saint listé dans le martyrologe romain.
Aucun des documents consultés, notamment les martyrologues, ne permet d'affirmer que Saint-Ethbin ait été martyrisé. Il est mentionné à la date du 19 octobre, comme abbé, sans autre indication, et l'on situe sa mort en Irlande. C'était ce que l'on appelle communément un saint homme.
Il fait partie des saints bretons de l'Armorique, toutefois, si l'on refère à plusieurs ouvrages historiques, Saint Ethbin n'était pas breton, mais Breton, c'est-à -dire originaire de Grande-Bretagne, et plus précisément d'Ecosse semble-t-il.
Plusieurs ouvrages historiques situent le lieu de sa mort en Irlande.
Le mystère de Saint-Ethbin à Port-Mort ... Après la destruction de l'énigmatique monastère de Taurac ("nul n'a pu jusqu'ici trouver l'emplacement de ce monastère"), Saint Ethbin a terminé sa vie en Irlande.
Après sa mort, ses reliques ont été déposées au monastère Saint-Saulve à Montreuil-sur-Mer.
Pour expliquer la présence des reliques de Saint-Ethbin à Port-Mort, on a supposé que ce sont les moines de Landévennec qui les auraient emportées vers le monastère de Saint-Saulve, où ils allaient se réfugier, et qu'ils donnèrent quelques os en traversant le Vexin. Mais rien ne confirme cette hypothèse, car on ne sait pas à quelle date les reliques de Saint-Ethbin arrivèrent à ce monastère, ni qui les y avait apportées. Nous savons seulement qu'elles y étaient avant 954-955.
A la Révolution le monastère bénédictin fut démoli et les reliques brûlées dans un autodafé, le 30 septembre 1793. Il semble bien que les reliques de Saint-Ethbin n'échappèrent point à cette destruction, car on ne les a pas retrouvées, ni leur reliquaire, dans ce qui forme désormais le Trésor de l'Église abbatiale Saint-Saulve. Dans une lettre du 7 mars 1899, nous lisons :
Le procès-verbal de reconnaissance de ces reliques, établi le 25 avril 1837 par Charles-Louis de Salmon du Chatellier, évêque d'Evreux, spécifie qu'elles se composent d'un humérus, d'un fémur et d'une mâchoire inférieure. Ces reliques sont conservées dans l’église locale (église Saint Pierre) construite en 1875.
Après l'étude de nombreux documents l'origine des reliques conservées à Port-Mort reste donc à découvrir... Une analyse de la teneur en carbone 14 de ces ossements pourrait évidemment nous donner leur âge, rien de plus. Mais ne doit-on pas laisser aux historiens la part d'imagination qui leur permettra peut-être de découvrir la vérité ?
C'est d'ailleurs ainsi que commence le panneau explicatif sur les lieux du monument ... "Parviendra-t-on un jour à lever le mystère de Saint-Ethbin, dont la tombe se trouve peut-être sous la pierre taillée qui se trouve devant vous ?"
Saint-Ethbin, sa tombe se trouve-elle sous cette pierre taillée ? Le mystère reste entier ... Le pélerinage de Saint-Ethbin à Port-Mort Pour les plus croyants, deux fois par an, le dimanche après l’Ascension et le 20 octobre, de nombreux pèlerins, après être passés sous les reliques exposées à la porte de l’église, se rendaient en procession jusqu’au dolmen où était censé être enterré le saint homme. L'abbé Bostel, alors curé de Port-Mort (1869-1877) éleva le nouveau monument afin de donner plus d'intérêt au pèlerinage. Alors que le Saint a sa fête le 19, le pélerinage se tient le 20 octobre au lieu du 19 parce que ce jour là on célébrait Saint-Aquilin dans le diocèse d'Evreux. De nombreux pèlerins y venaient pour guérir leurs rhumatismes ou leurs maux de reins, en passant trois fois sous la table... Le Saint était autrefois invoqué pour l’abondance des pommes, et on lui donnait en offrandes des barriques de cidre. Il avait sa fontaine, dans laquelle on puisait l’eau pour arroser les pommiers qui ne fructifiaient pas.
Sa légende tourne autour d'une version hyperbolique du baiser au lépreux. Alors que les deux hommes cheminent, ils rencontrent un lépreux sur le point de suffoquer qui leur demande de l'aider à respirer en lui curant les narines. Ethbin s'exécute mais, le lépreux se plaignant que la manœuvre est trop douloureuse, il surmonte sa répugnance et met sa bouche sur le nez du malade pour en aspirer le pus. « Il en sortit une perle de très rare couleur et, en même temps, saint Ethbin qui tenoit ce pauvre par le milieu du corps vid le ciel ouvert par dessus luy et une nuée éclatante dans laquelle il y avait une belle croix ».
Les vestiges de la chapelle Saint Martin
Si vous continuez la balade vers les hauteurs, il y a encore quelques curiosités qui vous attendent ...
Je ne sais pas si beaucoup de pélerins viennent encore "passer sous la table", mais le lieu n'est nullement à l'abandon, car le tombeau de Saint Ethbin fait en effet partie d'une petite randonnée qui relie ce tombeau, proche de la Seine, aux vestiges d'une ancienne chapelle, à mi-hauteur, à un vieux moulin dans les hauteurs.
De la chapelle, il faut juste en deviner la présence ... un carré creusé dans la paroi !
La paroi rocheuse à hauteur de l'ancienne chapelle
"Jusqu'à la fin du XIXème siècle existaient à Port-Mort deux paroisses. La première se nommait Saint-Pierre de Port-Mort, l'église se trouvant dans l'enceinte actuelle du cimetière, la seconde portait le nom de Saint-Martin de Chateauneuf, l'église se situant en contrebas du piton rocheux de la butte de Chateauneuf."
Le panneau nous apprend que cette chapelle située "en un lieu très incommode, très escarpé et d'un très difficile accès, qu'étant enfoncée dans le roc elle est fort humide, peu seure à cause des pierres, qui peuvent s'en détacher que la couverture de la dite église étant posée contre la roche laisse des ouvertures qu'il n'est pas possible de remplir."
Aujourd'hui, seule subsiste la sacristie troglodyte.
La sacristie troglodyte Le lieu n'est pas connu que pour son ancienne chapelle, mais surtout pour la légende selon laquelle Blanche de Castille et Louis VIII y célèbrèrent leurs fiançailles. Mais là encore, entre mythe et réalité, le mystère demeure ... laissons les historiens retrouvaient la vérité. Pour en savoir plus, c'est ici.
La roche et les restes de l'ancienne église où furent célébrées les fiançailles de Louis VIII et de Blanche de Castille Les ruines du moulin, dite "la vieille tour" Du moulin, comme souvent, il n'y a là plus que la tour en ruines, mais le panorama qu'il donne retient à lui seul toute l'attention du randonneur. Et ceci même avec un temps un peu "grisaillon" comme le montre ma photo ...
Vue sur la Seine depuis les hauteurs du moulin
Comme le dit si bien le panneau sur le site ... Une seule chose est sûre, il s'agissait d'un moulin à vent.
Sa structure intérieure prouve son ancien état de moulin avec le chemin de roulement en haut d'édifice permettant la rotation du toit. Autre preuve, les entrées diamétralement opposées et positionnées par rapport aux vents dominants qui permettaient au meunier d'accéder au moulin quelle que soit la position des ailes."
Les ruines du moulin
Les ruines du moulin au XIXème siècle Vieille tour sous laquelle furent célébrées les fiançailles de Blanche de Castille et de Louis VIII     Sources :- panneaux d'information sur le site - wikipedia Tombeau de Saint Ethbin - wikipedia Saint Yben - Port-Mort, site officiel, Le tombeau de Saint-Ethbin - Nominis, Saint Ethbin
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